Les possibilités d’accueil sont de plus en plus nombreuses en Irlande et notamment dans le comté de Cavan. L’International Fishing Centre, qui existe depuis bientôt près de trente ans reste aujourd’hui la valeur sure pour de nombreux amoureux de l’Irlande.
” Tu n’as pas changé, je t’ai tout de suite reconnu “, c’est en ces termes élégants que Michel Neuville, le propriétaire du célèbre camp de pêche de l’International Fishing Centre, m’accueille à l’aéroport de Dublin en ce début du mois d’octobre.
Nous pouvons avec mon ami Boris lui retourner le compliment car lui non plus n’a guère changé. Nous rejoignons la navette de l’IFC et sur le chemin, je me souviens de mes premiers passages dans ce camp de pêche, cela fait déjà un bon bout de temps. En fait, j’avais effectué ici mon premier réel voyage de pêche en Irlande et de nombreux souvenirs reviennent inévitablement à ma mémoire.
Beaucoup de choses ont changé en Irlande depuis les années 1990. Les années de forte croissance économique ont fortement modelé le paysage. Partout, de nouvelles infrastructures routières ainsi que des programmes immobiliers gigantesques marquent définitivement le paysage. Hélas, la très forte crise économique qui sévit depuis maintenant plusieurs années a eu pour conséquence l’interruption de nombreux programmes, si bien que ce sont aujourd’hui des infrastructures vides que l’on observe un peu partout. Michel me confirme cet état de fait et tout autour de son camp de pêche, plusieurs programmes immobiliers ont vu le jour.Quelques années plus tard, faute d’acquéreurs, ils sont devenus aujourd’hui la propriété des banques qui bradent ces programmes sans trouver réellement preneurs. En passant sur le pont de la rivière Annalee qui est un affluent de la rivière Erne nous constatons qu’elle est complètementen crue.
Nous discutons également avec Michel de la pêche et des conditions météorologiques qui deviennent de plus en plus contraignantes en Irlande. Néanmoins un des gros avantages de L’international Fishing centre, c’est de pouvoir faire face à ces situations exceptionnelles en proposant des solutions de repli dans de plus petits lacs si nécessaire.
Nous arrivons rapidement au camp de pêche. Il est quatorze heures et nous emménageons dans le chalet mis à notre disposition. Même si le camp ne semble guère avoir changé, topujours aussi propre et bien entretenu, je remarque très rapidement la présence de trois grands chalets canadiens. Michel en profite pour me préciser également qu’il a fortement revu sa politique en matière d’hébergement. Désormais, il réserve ses grands chalets canadiens pour l’accueil de groupe de plusieurs pêcheurs. Les petits chalets, qui existent depuis les débuts du centre, sont réservés à l’hébergement des binômes de pêcheurs. Cela permet ainsi de bénéficier de conditions d’hébergement tout à fait remarquables (chambre individuelle par exemple) qui contribuent à l’agrément du séjour. Un quart d’heure plus tard, nous sommes sur le pied de guerre et Michel nous propose un rapide briefing dans le lodge principal. Il nous donne quelques tuyaux intéressant, tout en nous présentant la carte complète du domaine. Nous nous rendons compte qu’au cours de notre premier pasage, nous avions visité qu’une infime partie des lieux. En fait, nous sommes ici sur un lieu stratégique de la rivière Erne qui forme quelques kilomètres en aval le fameux Upper Lough Erne. Autrement dit, nous sommes ici sur la zone frontalière avec l’Irlande du Nord. Il est maintenant un peu plus de quinze heures et nous sommes pressés d’en découdre avec ces fameux brochets du Lough Erne. Nous décidons de partir explorer une grande baie profonde où les brochets stationnent sur les ruptures à proximité des fosses. Ce qui est vraiment agréable à l’International Fishing Centre, c’est que les bateaux sont immédiatement disponibles sur des pontons situés à moins de 50 mètres de votre logement. C’est un confort indéniable particulièrement intéressant tout au long de la saison. En effet, à l’automne, cette logistique permet d’avoir des journées complètement dédiées à la pêche sans perdre de précieuses minutes voire des heures à déplacer l’embarcation et à mettre à l’eau. Les temps de pêche sont ainsi suffisamment longs. En effet, dès le petit déjeuner pris (en général, aux alentours de 06h45), il est possible de faire route pour revenir le soir un peu après 18h00. Bref, pour celui qui veut, la journée de pêche peut être longue tout en sachant qu’au printemps, certains acharnés pêchent avant le petit déjeuner ou après le repas du soir. Il y a alors de quoi faire une véritable overdose de pêche.
Toutes les techniques sont possibles
Nous l’avons dit, l’International Fishing Centre se situe juste à la frontière avec l’Irlande du Nord. Rassurez vous, cette frontière ne fait pas l’objet d’une surveillance avec des postes frontières un peu partout sur le lac. En fait, c’est complètement transparent pour le pêcheur à ceci près qu’il faut tout de même savoir que les réglementations divergent quelque peu entre l’Irlande du Nord et l’Eire. La chose principale à savoir, c’est que pour pêcher en Irlande du Nord, il est nécessaire de disposer d’une licence de pêche qu’il est possible de prendre à l’International Fishing Centre. En fait, il y a donc ici un réel mélange dans les cultures de pêche. En ce qui nous concerne, à BSM, on apprécie beaucoup ces échanges “culturels ” car il y a objectivement beaucoup à apprendre des bons spécialistes de la pêche des brochets, qu’importe la technique utilisée. Certains pêcheurs aux appâts naturels en connaissent un rayon sur les rythmes alimentaires et sur le comportement général des brochets. Certains d’entre eux sont des adeptes de la pêche au mort posé, d’autres préfèrent positionner un ou deux vifs avec beaucoup de stratégie tandis que les derniers optent pour une traîne hyper lente d’un appât naturel. On reconnait tout de suite la ” patte et les connaissance en la matière de Michel ” et ses très nombreuses années d’expérience. Quoi qu’il en soit, de nombreux pêcheurs passionnés viennent et reviennent inlassablement dans ce petit paradis irlandais et, au fil des années, sont devenus de véritables chasseurs de trophée. Il faut en effet savoir que certains spécialistes de la pêche aux appâts naturels sont parvenus à boucler leur semaine avec sept ou huit brochets de plus du mètre amenés à la barque. Lorsque l’on sait que ces poissons sont systématiquement relâchés après la traditionnelle photographie, il n’y a rien à redire à cela sinon bravo. En toute logique, dès l’ouverture du camp de pêche, la famille Neuville a bien compris que la qualité de la pêche était une composante essentielle pour la pérennité de ce business. C’est pourquoi, dès la première heure, le no-kill a été instaurée à l’IFC. Difficile aujourd’hui de dire combien de pêcheurs et notamment de pêcheurs aux appâts naturels ont été sensibilisés à la pratique du No Kill et donc du ferrage à la touche. C’est en tout cas, une des conséquences heureuses de cette pratique.
Il faut bien l’avouer, durant notre premier séjour à l’IFC en 2001, nous avions été enchantés par la quantité de prises réalisées qui n’avait rien en commun avec ce que nous pouvions capturer en France. Nous avions juste éprouvé une petite déception sur la taille moyenne des prises que nous avions capturé aux leurres. Certes, j’avais personnellement pris plusieurs beaux poissons mais il est clair que nos leurres avaient principalement intéressé les brochets les plus présents dans le lac, ceux qui mesurent entre 50 et 60 centimètres. Un des challenges que nous nous étions fixés, c’était justement de faire autre chose que ces captures de jeunes brochets certes amusantes mais qui trouvent toutefois rapidement ses limites. Il est vrai qu’à l’époque, notre pratique de la pêche aux leurres était totalement différente car mon plus gros leurre en ces temps était un poisson nageur articulé de 13 cm, qui faisait déjà office de very big bait.
Pour tout vous dire, lors de cette session automnale, nous avons prospecté des secteurs peu profonds où la densité de ces poissons juvéniles reste phénoménale. Sur certains secteurs, chaque lancer ou presque était ponctué par l’attaque brutale et agressive de ces petits diables. En pratiquant en permanence avec des leurres conventionnels (poissons nageurs de 11 cm ou cuiller ondulante classique), nous aurions probablement pu prendre plusieurs centaines de brochets. Je n’ai donc aucune inquiétude pour les années à venir en ce qui concerne la population de brochets. Comme la population de poissons blancs reste excellente, tout semble parfait pour les prochaines saisons.
Il est très clair que dans ces secteurs peu profonds et généralement plutôt herbeux, la présence de brochets juvéniles est quasiment assurée. Restait cependant pour nous à valider le fait que de plus gros prédateurs pouvaient occuper également les lieux.
Assez rapidement, nous avons eu la confirmation que des poissons de belle taille se tenaient dans ces zones herbeuses mais encore fallait-il trouver la bonne méthode pour les intéresser. Contre toute attente, l’option big bait ou même very big bait ne portait pas réellement ses fruits. En effet, ma truite signée Spro et même mon inusable flat bone clicker me rapportèrent dans un premier temps que des prises très modestes. Non, la solution était visiblement ailleurs et nous avons tout de même fini par trouver les beaux poissons toujours dans ses zones herbeuses mais dans des profondeurs plus importantes. Les fonds de trois mètres tapissées d’herbes et bien exposées au vent furent alors nos zones de choix. Je redécouvrais alors avec un plaisir énorme tout le potentiel du Godon distribué par Illex, qui me permettait de peigner très lentement ces zones où les beaux poissons peuvent être partout et nulle part.
En prospectant lentement de la sorte, nous avons peu à peu augmenté notre nombre de belles prises. De plus, cette pêche très gratifiante avec plusieurs poissons entre 90 et 100 cm au cours du séjour, nous la pratiquions durant les moments où la capricieuse météo était plus clémente. C’était en quelque sorte nos périodes de relâchement et de détente car nous avons passé une bonne partie de notre séjour à prospecter intensivement en traîne.
Petit à petit, notre quête incessante des gros brochets nous amène à faire des choix dans les techniques de pêche les plus efficaces et les plus rationnelles pour faire des gros poissons. Ici, à l’International Fishing Centre, la recherche des brochets records, c’est un peu la spécialité locale. En effet, l’IFC est également connu comme le best trophy pike lodge en Irlande et il s’est rendu célèbre par le prestigieux club des 1 mètre et plus. Depuis sa création en 1992, ce sont plus de 1500 brochets de plus du mètre qui ont été capturés et photographiés. La réalité est qu’une grande partie de ces brochets trophées sont pris chaque année en pêchant aux appâts naturels mais les spécialistes du leurre peuvent également tirer leur épingle du jeu. Pendant la période où nous opérions, la pêche au jerkbait semblait peu productive mais certains adeptes de cette technique qui pêchent ici régulièrement connaissent de très bons résultats avec l’avantage de se mesurer à des poissons extrêmement bagarreurs. En ce qui nous concerne, nous avons rapidement convenu avec Boris que la pêche à la traîne constituerait compte tenu du vent soutenu auquel nous avions affaire et de l’immensité des postes à prospecter la meilleure et la plus alternative pour espérer capturer un beau brochet. Alors, sur les conseils de Michel, nous avons changé de leurre ( il en a des spéciaux… ) et décidé de pratiquer cette technique avec le maximum de sérieux possible. En outre, l’immensité de la zone de pêche et la multitude de postes possibles dans un plan d’eau assez peu profond milite pour une pêche en traîne très prospective. Les brochets étant à cette période de l’année dans des profondeurs raisonnables (entre 2 et 5 mètres), la pêche à la traîne permettait de peigner à la perfection toutes les bordures de fosses où les poissons pouvaient se tenir embusqués. Je dois dire que bien nous a pris puisque nous avons réussi à toucher pas mal de beaux poissons. Boris a pris un poisson juste en dessous du mètre et moi au dessus. Mais une nouvelle fois, nous avons (un peu) été malchanceux. Je précise juste un peu malchanceux car cette pêche à la traîne nous a réellement régalé avec beaucoup de poissons ventrus et très combatifs. Mais notre malchance vient une nouvelle fois du fait que nous ayons perdu le plus gros poisson car un après midi, un malheureux concours de circonstance ne m’a pas permis de mettre dans l’embarcation un très gros brochet qui avoisinait les 115 cm, ceux que Michel appel ” les vrais gros ” . Après plusieurs minutes de combat et plusieurs tentatives pour le hisser à bord, nous avons été pris dans une bourrasque très puissante et la barque s’est mise à dériver à une vitesse folle. Le gros brochet a fini par se débarrasser du Bulldawg qui lui clouait la gueule…..quel dommage !!!
Enfin, le dernier jour, Boris a connu une mésaventure qui laisse également un gout amer. Sur une traîne rapide, juste après le premier choc de l’attaque, la ligne s’est brusquement détendue et a été coupée au dessus du long bas de ligne en titanium. Nous ne saurons donc jamais la taille réelle de cet aspirateur, comme l’aime à les appeler les Neuville, mais quelques minutes après cet incident, j’ai vu un très gros brochet faire un saut et secouer rageusement la tête pour tenter de se libérer de l’objet intrus. Certes, nous étions à une centaine de mètres lorsque ce saut est intervenu, mais pas de doute, il s’agissait réellement d’un très gros brochet. Alors au final, cette semaine qui aura été excellente en terme de nombre et de qualité des prises aurait pu devenir exceptionnelle avec un peu plus de réussite sur les deux gros poissons que nous avons touché.
Mais ainsi va la pêche, avec toutes ces incertitudes, qui en font la beauté et les émotions.
Durant le trajet retour qui nous mène à l’aéroport, nous échangeons avec Michel sur cette semaine passée. Le camp de pêche de la famille Neuville n’a rien perdu de sa qualité, bien au contraire . Les hébergements restent d’une très grande qualité et les services proposés notamment de le domaine de la restauration sont parfaits. La qualité de l’organisation est irréprochable car il est vrai qu’elle est parfaitement rodée depuis de nombreuses années. C’est probablement dans cette relation privilégiée avec la clientèle que l’International fishing centre reste une structure unique en Irlande. Ici de nombreuses personnes viennent pêcher au printemps et en automne depuis de nombreuses années. Cela entraine que le planning des réservations est toujours très tendu d’une année sur l’autre. Michel et Olivier ont en effet bien en tête que la qualité du service, de la cuisine, et des hébergements, est une des données fondamentales de leur réussite. De ce fait, le camp est loin d’être exploité à son maximum Michel privilègeant largement la qualité à la quantité ! . C’est notamment le cas pour ce qui concerne les périodes d’ouverture du camp.Les périodes les plus risquées sont délibérément enlevées du planning notamment en fin de printemps et en début d’hiver afin de ne pas avoir de pêcheurs déçus. Michel et Olivier avec leur très grande expérience en la matière, connaissent effectivement fort bien le fonctionnement de la rivière et du lough Erne.
Lorsque les eaux commencent à chauffer, l’eau qui repose ici sur un fond tourbeux commence à devenir trop acide pour garantir des prises régulières de beaux poissons.Un autre exemple, durant la fin de saison, les pluies ont été incroyablement intenses dans la région de Belturbet si bien que la pêche s’en est trouvée fortement affectée. Michel et Olivier ont alors contacté leurs clients pour leur signaler que les conditions de pêche étaient aléatoires et il leur a été proposé de décaler leur semaine pour la prochaine saison. Mais le coin est si favorable pour la pêche des gros brochets que certains pêcheurs sont tout de même venus braver les éléments afin d’en découdre avec maître Esox.
Afin d’obtenir toutes les informations utiles relatives à cette destination, nous vous conseillons de prendre connaissance du site internet de l’International Fishing Centre, www.brochet-irlande.com
Compte tenu de la qualité des prestations fournies tant en matière d’hébergement, de restauration et de location d’embarcations fiables et correctement équipées et motorisées, on peut dire que le rapport qualité/prix est véritablement excellent. De plus, pour 2012, Michel et Olivier Neuville ont décidé de reporter sur leurs tarifs une baisse de la TVA sur la restauration.